Etat du site en 1875

Voici un témoignage, datant de 1875, de l'état du site près de soixante ans après la démolition de l'abbaye.
Il provient des archives départementales du Loir-et-Cher. Il décrit bien l'état de misère et d'abandon des ruines, toujours livrées à la dévastation et au pillage.

« A droite en rentrant, je vois le domicile du sieur COUTOUT, jardinier de père en fils à Cîteaux ; il a remplacé le garde ROUGEOREILLE ; quant au Garde nouveau, il est placé en arrière ».

« Sur la gauche, en face, un puits bien entretenu, recrépi tout à neuf et fermé au verrou. Là est encore un canal, ou réservoir à poissons, très profond. Une construction a du exister en cet endroit, soit pour cuire du pain pour les pauvres, soit pour loger les voyageurs. »
« Plous loin, et toujours sur la gauche, un véritable colombier où le monde remplace les pigeons ».
«  Tout près, et presque en face, existait une tour très élevée et très solide, munie à l'intérieur d'un escalier en pierre, véritable minaret chrétien. Ensuite, et toujours sur la gauche, la lingerie habitée par le tisserand THIBAULT. Cette habitation communiquait avec la dernière église par un conduit souterrain. »

« Nous sommes sur la place de l'Abbatiale, près de la dernière église. Devant nous est le jardin de l'asperger, avec un vaste et superbe puits qui fournit de l'eau en abondance ; à droite, nous avons une enfilade de maisons neuves ou rajeunies. Attention, c'est maintenant l'emplacement du couvent ; à sa gauche est la métairie avec son antique colombier, et à sa droite l'ancienne écurie maintenant habitée par une nombreuse famille. »

« En face, un pont de pierre rajeuni sur un canal, ou réservoir à poissons, puis une sortie entre deux sauts de loup. »

«  De plus, entre ce pont et le couvent, existe une citerne vide qui est le point central où aboutissent plusieurs caveaux qui ont servi, ou qui auraient servi, à de nombreuses sépultures ». « L'escalier de descente étant bouché et oublié depuis longtemps, c'est par cette citerne vide que dernièrement ont pénétré des scieurs de long flâne et profanateurs, car ils ont démoli les cloisons et dérobé des objets de piété. »

« C'était à qui devancerait son voisin pour rendre visite à ce puits oublié et méconnu depuis bien des années, malgré sa margelle en pierre sculptée et veinée de rouge, et malgré sa savante et pieuse destination, car c'est là que l'on donnait la dernière bénédiction et il servait en outre à assainir et à aérer les caveaux où dormaient d'illustres et saints personnages ».

« Les curieux en voulant s'introduire dans son étroite ouverture risquent, non pas de se noyer, car ce puits est à sec, mais de se disloquer bras et jambes comme il a manqué d'arriver au sieur VENOT, à cheval sur un bâton mal ajusté, a roulé au fond du puits ». « Et c'est son fils qui m'a engagé à suivre l'exemple de son père ».