Le même bulletin en date du 1 janvier 1881 de la "Revue Dunoise d'archéologie, sciences, histoire et art" publie le mémoire compilé par Monsieur Charles CUISSARD sur l'abbaye Notre-Dame-de-l'Aumône dont le souvenir était encore vivace, semble-t-il, dans les sociétés savantes de la région.
Retrouver le Mémoire de Charles Cuissard tel que publié par la Société Dunoise d'Archéologie, Histoire, Sciences et Arts en 1881 :
Bulletin de la Société dunoise : archéologie, histoire, sciences et arts
Source: gallica.bnf.fr
Texte d'un mémoire du XIXe siècle, déposé aux archives départementales du Loir-&-Cher, rédigé par M. Charles CUISSARD, Historien du XIXe siècle, auteur de nombreux ouvrages sur les régions d'Orléans, Blois et Chateaudun, en souvenir del'Abbaye Notre-Dame de l'Aumône ; ce document compile le résultat de minutieuses rechercher menées au XVIIIe et rassemblées par deux historiens du siècle des Lumières, M. l'Abbé BORDAS (1762), Curé de Bonneval, et Dom VERNINAC, Moine bénédictin.
Son histoire n'a pas été écrite parce que les documents font à peu près défaut : le cartulaire, le nécrologe et les autres monuments qui auraient pu nous éclairer ont tous été détruits pendant les guerres des Anglais, et le peu de titres qui avaient été épargnés alors furent presque tous brûlés par les Calvinistes au XVIe siècle. Aussi ne venons-nous pas faire l'histoire complète de cette abbaye : nous nous bornerons à quelques renseignements chronologiques fournis par plusieurs chartes qu'a recueillies D.VERNINAC. D'ailleurs les travaux de savant bénédictin, qui ont été prêtés à l'Abbé Bordas, seront notre seul guide et ils ne nous tromperont pas.
SEPT SIECLES D'HISTOIRE : 1121 - 1818
HISTOIRE RECONSTITUEE DE L'ABBAYE NOTRE-DAME DE L'AUMONE
Thibaut IV, comte de Champagne, fut le fondateur de l'abbaye de l'Aumône.
Malheureusement nous n'avons pu retrouver la charte de fondation : toutefois, si nous ajoutons foi à une vieille chronique reproduite par Angelo Manriquez, cela aurait eu lieu le 28 juin 1121.
Mais, d'après D. VERNINAC, « il ne parait pas que le reste de l'année 1121 soit suffisant pour construire un monastère de quelque importance, d'autant plus qu'une charte datée de l'année précédente suppose déjà que cette abbaye fut fondée ».
Ch. de Visch, veut que la fondation ait eu lieu en 1120 En effet, dans le cartulaire de Bourg-Moyen se trouve une charte importante par laquelle les chanoines de Saint-Calais du château de Blois cèdent aux religieux de l'Aumône la dime sur leurs jardins, leurs vignes, et sur deux charrues de terre dans la forêt appelée "Silvalonia in qua illud est constructum cenoblum". En outre ces mêmes religieux pouvaient recevoir des paysans pour cultiver leurs terres ou pour garder leurs porcs, et ces animaux devaient être exempts de toutes sortes de dîmes.
Cette concession leur est accordée volontairement et avec bonheur par les chanoines, pour le rachat de leurs âmes et de celles de leurs parents (Charte I) Cette même pièce donne donc à entendre qu'à cette époque (1120) le monastère était déjà construit, et qu'il s'est glissé une erreur dans la chronique des Annales cisterciennes. Nous y lisons encore que le comte Thibaut fut charmé et réjoui de cette marque de bienveillance envers ces nouveaux religieux.. Du reste, ils étaient conduits par un homme d'une grande piété et d'une vertu remarquable.
Étienne II, abbé de Cîteaux, connaissant l'amour sincère du comte pour les moines, l'avait sollicité d'établir une maison de son ordre dans le diocèse de Chartres qui n'en possédait pas, et l'abbé lui-même vint en personne assister à cette fondation que bénit à son tour l'évêque de Chartres. A la nouvelle de son arrivée, les religieux voisins s'empressèrent de contribuer à l'établissement de l'Aumône, et c'est à cette bienveillance que nous devons la première charte connue en faveur de ce monastère.
L'abbaye fut construite sur un alleu du comte Thibaut : Le lieu même où se fit cette pieuse fondation s'appelait l'Aumône. Peut- être, dit Dom VERNINAC, était-ce un vieux château qui portait ce nom et qui était situé à l'entrée de la forêt. Dans le cartulaire de Vendôme on voit des chevaliers du XIe siècle avec le titre de chevaliers de l'Aumône. Cette désignation resta à l'abbaye jusqu'à ce que sa célébrité lui ait fait donner le nom de "Petit-Cîteaux," sous lequel elle est plus connue, surtout depuis environ trois cents ans.
A l'exemple de Thibaut les seigneurs et les nobles du pays se firent une gloire d'enrichir cette colonie naissante de cisterciens, dont la vie angélique charmait tous ceux qui en étaient témoins.
Citons, entre autres bienfaiteurs, les comtes et comtesses de Blois, les vicomtes de Châteaudun, les sires de Meslay, de Chartres, d'Orléans, du Plessis, de Beauvilliers.
Les abbayes voisines ne se montrèrent pas jalouses des privilèges accordés à l'Aumône par les papes, et même elles contribuèrent à augmenter ses possessions. Aussi les religieux du Petit-Cîteaux vécurent-ils en bonne intelligence avec les abbés de Pontlevoy, Vendôme, de Bourg-Moyen, de Beaugency, de Tyron et de Bonneval, et c'est à peine si nous avons trouvé quelques actes constatant des différends entre l'une ou l'autre de ces maisons et les abbés de l'Aumône.
Les moines eurent toujours une conduite irréprochable, et, jusqu'aux dernières années de l'abbaye, ils suivirent fidèlement leur règle, pratiquant la charité pour ne pas déroger au beau nom qui avait été donné à leur maison.
L'abbaye jouissait de plusieurs privilèges : Les terres étaient exemptes de dîmes, et le pape Alexandre III avait déclaré l'enclos de l'Aumône impénétrable et inviolable sous peine d'excommunication.
Au mois d'août 1257, saint Louis ordonnait que les religieux jouiraient paisiblement de tous les biens qui leur avaient été donnés en pure et perpétuelle aumône et faisait défense expresse à toutes personnes, laïques ou religieuses, de les troubler ou de les inquiéter. servant à inscrire les rentes dues à l'abbaye faisaient preuve en justice et tenaient lieu de titres, suivant les lettres patentes du roi Charles IX, en date du 25 octobre 1568.
L'abbé, dans son église ou dans les églises qui étaient sous sa juridiction, pouvait officier avec la mitre, la crosse, l'anneau et les autres ornements épiscopaux : ce privilège lui fut obtenu du pape Calixte III par le cardinal Alain.
Enfin, comme toutes les abbayes de Cîteaux, l'Aumône était sous l'invocation de la Sainte Vierge et avait un sceau spécial sur lequel on lisait : "Sigillum abbat. B. M. d'Elemosyna"
Nous n'avons pas besoin de parler de l'église conventuelle où beaucoup de seigneurs avaient choisi leur sépulture, ni des bâtiments claustraux qui virent ces moines cisterciens pendant plus de six cents ans ; une monographie publiée en 1877 dans les Actes de la Société Dunoise donne des détails, fort intéressants sur ces lieux, comme aussi sur les possessions de l'abbaye. M. l'abbé Mouzé décrit avec amour les derniers moments de l'Aumône et les phases extrêmes de son existence. On lira surtout, parmi les charges claustrales, celle qui concerne l'instruction : on y verra que l'abbaye dépensait 300 livres pour « entretenir un religieux aux études ou pour un précepteur dans l'abbaye, afin d'enseigner les jeunes religieux ».
Nous avons trouvé le nom de l'Aumône dans plusieurs rouleaux mortuaires, avec cette mention : "Conventus dnae Mariae de Eleemosyna" - rouleaux de Bertrand de Baux, vers 1181, Rouleau de Haidé, abbesse de Saint-Amand de Rouen, 1225 Rouleau à Marie de Noyers, abbesse de Montivilliers, 26 Décembre 1398.
En terminant cette notice, nous nous faisons un devoir de signaler un remarquable manuscrit, appartenant à notre savant collègue M. de La Valiere, de Blois, où nous avons puisé une foule de documents vainement cherchés ailleurs.
Il a pour titre : « Extraits de l'inventaire raisonné de titres et papiers de l'Abbaye de l'Aumône, dit Le Petit Cîteaux, en la paroisse de La Colombe, forêt de Marchenoir », et comprend 188 pages grand in-4°.C'est de là que nous avons tiré la liste de tous les biens que possédait en l'année 1792. Que M. de la Valliere reçoive nos sincères remerciements.
LES ABBÉS DE L'AUMONE
On conçoit réellement que l'histoire de ces abbés ne puisse offrir un grand intérêt, aucun d'eux, dans les commencements comme à la fin, n'ayant été mêlé aux évènements de l'histoire générale. Ce sera un catalogue. :
- ULRIC ou URRIC 1121 1142
Le nom ne se trouve pas dans la concession faite à l’abbaye de l’Aumône en 1121 par les chanoines de Saint-Calais du Château de Blois.
La charte de Thibaut IV n'en parle pas non plus : mais cet abbé obtint du pape Innocent II une bulle confirmant la fondation. du monastère à la date du 18 février 1136 et où il est appelé Ulrico, abbati de Helemosina.
Tout important que soit ce document, il ne contient cependant aucune énonciation des biens : nous devons croire qu'ils n'étaient pas nombreux. Le pape se contente de dire, suivant la formule accoutumée, que, les moines vivant des aumônes des fidèles, personne ne percevra ni ne réclamera de dimes sur leurs terres et sur leurs maisons.
Mais le comte Thibaud supplée à ce silence ; après avoir établi les moines cisterciens dans un alleu qui lui appartenait en propre, il ajoute que, voulant que ces religieux vivent en paix, leurs possessions seront les suivantes : « Depuis ce qui touche Autainville, du côté de la Beauce, jusqu'à La Colombe, les limites sont fixées par des fossés larges et apparents : de là par le chemin public appelé Chemin du Comte jusqu'au carrefour du chemin d'Autainville, puis par le Marchais du Roundet jusqu'à la maison du lépreux d'Autainville ». Il ajouta deux charruées auprès d'Arembert et Montchaux avec le fief et les étables.
Tels furent les modestes commencements de l'Aumône, dont les possessions devinrent assez importantes par la suite.
L'abbé Ulric ou Urric reçut une double bénédiction, celle de l'évêque de Chartres, Geoffroy de Lèves, qui était heureux d'enrichir son diocèse de cette nouvelle fondation, et celle de saint - Etienne, abbé général de Cîteaux.
Avec cette faveur, l'abbaye de l'Aumône grandit promptement. En effet, la vertu ne tarda pas à fleurir en ce lieu privilégié.
L'histoire signale deux personnages qui ont beaucoup contribué à donner de l'éclat à cette fille de Cîteaux, comme on l'appelait.
Nous avons vu l'abbé Urric : avec lui était venu un moine d'une très grande piété, nommé Chrétien, qui a mérité d'être inscrit dans le ménologe cistercien.
Voici ce que nous lisons au 27 août : « En France, au monastère de Sainte- Marie de l'Aumône, le bienheureux Chrétien, que ses vertus et ses révélations ont rendu très célèbre, qui triompha du démon et mourut en odeur de sainteté ».
«In Gallia beatus Christianus monochus in coenobio Beatae Mariae de Eleemosyna, crebris revelationibus et egregiis virtutibus celeberrimus et corporis sui assiduus et rigidissimus castigator, qui a damone importune salis et visibilite ac invisibiliter appugnitus victor semper evasit et cum magna opinione sanctitatis feliciter ex hac vita transivit ».
Les Bollandistes n'oublièrent pas sa mémoire mais ils ne trouvèrent son culte établi nulle part. Les révélations et les tentations du B. Chrétien sont très curieuses, nous ne pouvons qu'indiquer les sources où on les trouvera avec une foule de détails. Cependant la prédiction qu'il fit de la gloire réservée à Cîteaux est trop célèbre pour que nous la passions sous silence. Un jour Raynard, autrefois abbé de Cîteaux, apprenant tout ce que la renommée rapportait des vertus et des mérites du moine Chrétien, voulut le voir et s'entretenir avec lui. Il lui envoya donc un homme pour le conduire et le guider vers l'abbaye où il demeurait. En chemin, Chrétien fut ravi en extase, au grand étonnement de son conducteur. Quand il fut revenu à lui, il décrivit toutes les splendeurs de l'ordre de Saint-Benoît, et surtout les honneurs que la Sainte Vierge avait obtenus de son divin Fils pour les enfants de Cîteaux. Ces paroles furent pieusement recueillies et tous les auteurs qui ont écrit les commencements de l'histoire cistercienne n'ont pas manqué de les rappeler, car elles se sont vérifiées à la lettre. Chrétien vivait encore en 1133. Que devint-il ? Où mourut-il? Nous n'avons trouvé à ce sujet, aucun document : mais son nom servit à l'illustration de l'abbaye de l'Aumône, et sous l'abbé Ulric cette maison était assez nombreuse et assez puissante pour fonder elle-même cinq abbayes, qui furent appelées les cinq filles de l'Aumône : Landais en Berry, Gaverly (1129) et Tintern (1131) en Angleterre, Bégard (1130) et Langouet en Bretagne (1136).
- RADULPHE 1143 1147
Nous ne savons à quelle époque mourut Ulric. Il eut pour successeur Radulphe, que Bernier met en l'année 1143. Le 9 Juillet 1144, le pape Lucius II (et non pas Célestin II suivant D.Verninac) lui adressa une bulle portant confirmation des possessions et privilèges de l'abbaye. Cet important document, qui existait encore à la fin du siècle dernier, n'a pu être retrouvé : il nous aurait montré l'étendue des domaines que possédait l'abbaye vingt- trois ans après sa fondation. Nous savons seulement qu'en 1145 Gauthier Chaperon fait une donation, consistant en toute sa métairie de Chevremont, paroisse de Tripleville, métairie qui s'étendait jusqu'au milieu de la rivière d'Aigre.
- RICHARD 1147 1156
Le nom de cet abbé se lit dans une charte fort déchirée de l'année 1147, nous ne pouvons pas affirmer cependant qu'il ait commencé à gouverner l'abbaye à cette date, faute de documents antérieurs.
Le cartulaire de Bourg-Moyen nous indique un acte important de cet abbé. Richard et toute sa communauté donnèrent aux religieux de cette maison la terre de Beuron, excepté Briodena, « locum Beuronis excepta Briodena,» pour la posséder à perpétuité, moyennant la somme de cent livres orléanaises.
Avec cet argent l'abbaye de l'Aumône acheta la terre de Chatonville « Catonis villa » et la moitié des tailles.
Ce double acte fut exécuté par l'abbé Juisanus, du consentement de l'évêque de Chartres et avec l'approbation de Rodald, évêque de Vannes, d'Hugues, abbé de Landais, et du comte Thibaut, en l'année 1151. A cette pièce était jointe la confirmation de cet échange donnée par l'évêque de Chartres en la même année.
Richard eut pour successeur Philippe.
Nous avons trouvé dans Hubert une pièce qui concerne l'Aumône, mais il nous a été impossible de déterminer l'année et le nom du personnage qui y est indiqué. Cet historien parle d'une transaction « entre le chapitre de Saint- Aignan et les religieux du Petit-Cîteaux, par laquelle le chapitre leur permet de !abourer quelques terres non cultivées lui appartenant, en la paroisse d'Herbilly, aux charges d'en payer annuellement le champart. Voici le commencement de la charte en question :
« Ego Philippus, Dei gratia, decanus... et omnis congregatio ecclesiae Sancti Aniani, Notum esse volumus tant praesentibus quam futuris, quia postulaverunt nobis Petrus, abbas S. Mariae de Buzeio, et fratres ejusdem loci ut eis arare et colere concederemus terram arabilem quam apud Herbiliacum, seu in illo territorio habemus, quae diu inculta fuerat et ecclesia nostra parum profuerat. »
Il est parlé aussi d'une forêt nommée Babilonia. Ce Philippe fut doyen de Saint-Aignan de l'année 1140 à 1161 ; et il n'y a aucun abbé de l'Aumône du nom de Pierre.
En 1163, la bulle du pape signale la terre d'Herbilly, mais nous n'avons pu savoir quelle est cette abbaye de S. Mariae de Buzeio.
- PHILIPPE 1156 1171
Avant de gouverner l'Aumône, cet abbé mena une existence très agitée.
Ses vertus et ses talents lui avaient mérité l'estime du pape Innocent II qui l'avait nommé évêque de Tarente, ce qui ferait supposer qu'il était originaire d'Italie. Mais bientôt il oublia ce bienfait et ne craignit pas de soutenir les prétentions de l'antipape Anaclet. Aussi fut-il déposé au concile de Latran en 1139 et privé de toutes ses dignités ecclésiastiques.
Philippe rentra en lui- même et, touché de la grâce, il prit la résolution de quitter le monde pour achever tranquillement ses jours dans le silence et l'oubli de la retraite. Dans ce but il se rendit à Clairvaux, où l'attirait la grande réputation de saint Bernard, et il y fit profession entre les mains de cet abbé. Son humilité était si grande qu'il demandait à exercer les plus basses fonctions de la communauté. Rome se relâcha de sa sévérité à son égard, et saint Bernard obtint pour Philippe la permission de servir à l'autel comme diacre, et même il le nomma prieur de son monastère. Il était dans cette charge lorsque les religieux de l'Aumône le choisirent pour leur abbé en 1156.
Aussitôt Philippe sollicita une bulle de confirmation, et la Cour de Rome prouva qu'elle avait oublié tout le passé. Le pape Adrien IV lui expédia, sur ce sujet, deux bulles datées : l'une du 12 des calendes de mars 1156, l'autre du 6 des calendes de mai 1159. Ce double témoignage montrait une fois de plus en quelle estime était l'abbé de l'Aumône. De graves événements se passaient alors dans le monde catholique. Frédéric Barberousse, ayant appris la mort d'Adrien IV, fit élire un antipape qui prit le nom de Victor IV, tandis que les cardinaux restés fidèles à leur devoir proclamaient Alexandre III, «l'homme qui, peut-être, au moyen-âge, mérita le plus du genre humain» suivant les expressions de Voltaire.
Mais le pape légitime était chassé de Rome et ne savait comment échapper aux persécutions de l'empereur. Il se souvint alors de Philippe, l'ami intime de saint Bernard et le protégé du roi d'Angleterre. Henri se plaisait, en effet, dans la société de l'abbé de l'Aumône et l'avait pris pour arbitre dans le différend existant entre Robert, abbé de Vendôme, et Garin, abbé de Saint-Julien, au sujet du prieuré de Chatres « de Carcere ».
C'était en l'année 1159. Alexandre III lui envoya des lettres confidentielles pour s'assurer des dispositions où se trouvaient à son égard les rois de France et d'Angleterre, et Philippe répondit au pape que ces princes lui étaient tout dévoués et attendaient avec grande impatience son arrivée en France. Nous possédons la lettre de l'abbé de l'Aumône qui commence ainsi :
« Amantissimo in Christo Patri et Domino Alexandro, Dei gratia summo pontifici et universali papae frater Philippus de Eleemosyna modicum id quod est ».
Il ajoutait « Henri vous reconnait comme son père spirituel et Louis vous tend les bras. Sachez d'ailleurs que tous les archevêques, évêques et pasteurs de l'Église reconnaissent unanimement votre élection «Scitote quod archiepiscopi, episcopi opines et Ecclesiae rectores in electione vestra unanimiter consentiunt....»
Philippe ne se borna pas à cette marque de dévouement au Saint- Siège : il semblait vouloir réparer, autant qu'il était en son pouvoir, le scandale donné à son clergé par sa conduite passée. Il écrivit, de concert avec les cardinaux Henri et Odon, une lettre à tous les prélats de la chrétienté pour défendre le pape contre les injustes accusations du synode de Pavie, tenu en 1160. Tant d'efforts firent triompher la bonne cause et Alexandre fut enfin reconnu sans opposition. Mais l'abbé de l'Aumône reçut une grande récompense de ses services envers la papauté. Le souverain pontife lui expédia une bulle pleine de louanges pour sa personne et pour le couvent qu'il dirigeait, et les signatures nombreuses qui accompagnent cet acte prouvent le respect et l'intérêt que portait la Cour de Rome à celui qui avait joué un si grand rôle dans les affaires ecclésiastiques. Cette bulle, datée du 7 des calendes d'août 1163, a encore une autre importance, car elle nous fait connaître les possessions de l'abbaye, quarante-deux ans après sa fondation.
En voici la nomenclature : « Le lieu où est situé le couvent avec le bois adjacent, la grange du Puits-Morelle, la grange Erembert, la grange Montchauve, celles d'Ottainville, de Villeflor, de Vivones, avec la terre des Roches, celle de Montmesmin, la terre d'Herbilly avec les prés, les vignes et toutes ses appartenances, les abbayes de Gaverly, de Tintern, de Landais et de Begard. » « Locum ipsum in quo abbatia cita est cum bosco adjacenti, grangiam Putei Eremberti, Montis Calvi, Ottinvillie, Villallori, de Vivones cunt terra de Roches, Montis terrant Herbiliaci cum pratis, vineis et omnibus earum pertinentiis, abbatiant de Gaverleia, de l'interna, de Landesio, de Begar ».
A toutes ces faveurs, l e pape ajoutait que l'enclos du monastère était impénétrable et inviolable sous peine d'excommunication. L'abbaye de l'Aumône jouissait donc d'une grande importance, grâce à Philippe qui la gouvernait.
Aussi, en l'année 1168, l'abbé de Clairvaux, Godefroy, ayant été déposé pour sa mauvaise conduite, dans un Chapitre général, les Pères députèrent vers le pape Alexandre III divers abbés de l'ordre, à la tète desquels se trouvait Philippe. Pendant l'absence de ces prélats, Godefroy ne craignit pas de lancer sur eux l'excommunication, les déposséda de leur place et délia les moines de leur obéissance. Le pape, ému d'une semblable conduite, approuva les décisions du chapitre, et les abbés furent rétablis dans leurs dignités avec gloire et triomphe. « Abbates Pruliaci, Eleemosyme ... suis dignitatibus cum laude et triumpho restituuntur», disent les Annales de l'ordre cistercien.
Cependant Philippe ne négligeait pas les intérêts de sa maison : il eut des démêlés avec l'abbé de Pontlevoy, nommé Jean, qui prétendait avoir droit de terrage et de dimes sur des biens appartenant à l'abbaye de l'Aumône. Des arbitres furent choisis, et, malgré trois lettres écrites à chacun d'eux, ils se prononcèrent en faveur de Pontlevoy. Nous n'avons pu savoir la possession qui donna lieu à ce débat, ni trouver les lettres qu'envoya Philippe. C'était en 1164. Son nom se trouve dans le cartulaire de Marmoutiers en l'année 1166, et au bas d'une charte donnée en 1167 par l'archevêque de Reims. Bientôt dégoûté des grandeurs du monde, Philippe renonça à son abbaye et revint à Clairvaux où il signa en 1171 une charte avec cette indication «Philippus qui fuit abbas in Eleemosina».
Nous ne savons en quelle année il mourut. Charles de Vish, prieur des Dunes et auteur de la Bibliothèque des Écrivains de l'ordre de Cîteaux, a publié les lettres de cet abbé, que l'on aurait longtemps attribuées à l'abbé de Bonne-Espérance, de l'ordre des Prémontrés : nous tirons ce renseignement du Gallia Christiana, sans que nous ayons pu trouver l'ouvrage. Venerabilibus dominis et amicis abbati et conventui de Eleeinosyna magister Petrus Blesensis, Bathoniensis archidiaconus salutcm in co qui Irlande salutes Jacob. Orationum vestrarum suffragia derotus implora. - Epist. CX,
- SERLON ou SELON 1170
Bernier met cet abbé en 1171 et MM. de Sainte-Marthe le reculent jusqu'à l'an 1173. Ce qu'il y a de certain, c'est que son nom se trouve dans deux chartes de la Trinité de Vendôme, non datées, mais données du temps de Girard, qui en fut abbé depuis 1164 jusqu'à 1185. Les deux dates sont donc plausibles. L'abbaye de l'Aumône voyait chaque jour augmenter ses possessions ; mais, suivant l'esprit cistercien, elle n'usait de ses biens que pour le soulagement des malheureux.D'ailleurs, l'influence que lui avaient justement acquise les mérites de l'abbé Philippe ne faisait que se développer. Pierre de Blois venait souvent se consoler avec ses chers amis de l'Aumône : il leur écrivit une lettre très longue dans laquelle il les exhortait à prier pour le rétablissement de sa santé fort altérée par ses travaux. Toutefois il ne fut jamais moine en ce lieu
- GERVAIS 1184
Le nom de cet abbé se trouve dans un acte de 1184 : son gouvernement ne fut pas de longue durée.
- RENAUD 1186 1203
Nous n'avons pu trouver aucun acte de cet abbé.L'historien du comté de Dunois (Chorographie, p. 170, note "b" nouvelle édition) nous apprend que, d'après le chartrier du Petit-Cîteaux ou l'Aumône, les reliques de saint Léonard avaient été « enlevées de son tombeau sous Renaud, abbé dudit Cisteaux, que l'on fait vivre en 1186 ». Ce fait semblait douteux à l'abbé Bordas et ce n'était pas sans raison : non pas que Renaud fût un nom supposé, mais il y avait une erreur dans la désignation du saint. Il ne s'agit pas en effet de saint Léonard, mais bien de saint Laumer, suivant le "Gallia christiana" et dom Noêl Mars, qui dit dans son Histoire du royal monastère de Sainct-Lomer de Blois L'an 1186, l'église de Sainct Lomer estant achevée, les religieux désirant en faire faire la dédicace et transférer les reliques des corps saints qui estoient dans celle de Sainct Lubin, ils prièrent le comte de Blois Thibaut de les favoriser de sa présence en cette action, ce qu'il fit très volontiers, accompagné de . . . Raginaut, abbé de Pontlevoy, de Raginaut, abbé de l'Aumosne, et de plusieurs autres personnes de mérite »
- RADULPHE 1203 1205
A la fin du XIIe siècle, nous trouvons d'importantes donations faites à l'Aumône, sans que nous ayons pu préciser le nom de l'abbé sous lequel elles eurent lieu. En 1203, parait le nom de l'abbé Radulphe, sur une bulle du pape Innocent Ill, datée du 6 des calendes de février, et portant confirmation d'un don fait à l'Aumône par Louis, comte de Blois. Ce dernier, voulant seconder les vœux de sa mère Adelicie, qui avait choisi sa sépulture dans l'église du couvent, accorda aux moines quarante livres monnaie d'Angers, de revenus annuels à prendre au ban de Pâques.
- HAMERIC 1206 1222
Le nom de cet abbé, dit D. Vernira, se trouve dans une foule de chartes tant de l'Aumône que des abbayes voisines, ce qui donne lieu de juger que sa vertu et son mérite l'avaient rendu fort célèbre.
Malheureusement nous n'avons pu recueillir qu'un très petit nombre d'actes.Le 2 novembre 1206, Innocent. III lui adressa une bulle portant confirmation de tous les biens et privilèges accordés à l'abbaye par ses prédécesseurs. Ce document important, reproduit par Bernier, montre que les possessions s'augmentaient rapidement en effet, outre les granges ou fermes indiquées dans la bulle d'Alexandre Ill, nous lisons les suivantes : les granges de Rochair, de Brentia, de Busai, du Perche, de La Guignardière, de Chevremont, la terre de Marronne, la maison et les vignes de Meung, la maison, les vignes et les prés de Glatigny, les maisons et les vignes de Sodobre, la maison de Blois, la maison et les vignes de Châteaudun, la maison et les vignes deLa Ferté, la maison et les vignes de Charray, la maison, la vigne et les celliers situés auprès de Vendôme, et le moulin de Charray avec ses appartenances.
Sous son gouvernement il s'éleva quelques difficultés à l'occasion de certaines possessions revendiquées par l'Aumône : c'est ainsi que Thibaut, abbé de Beaugency, cède à l'abbé Hameric une dime pour la somme de 14 livres, suivant un acte fait dans le chapitre de Beaugency en 1208. Cette marque de bienveillance avait une autre vue que celle d'augmenter les biens d'une abbaye rivale : Thibaut voulait surtout calmer un petit différend survenu entre son chapitre et les moines de l'Aumône. Ceux-ci se croyaient légitimes possesseurs de certaines dîmes prélevées sur le vignoble de Courbouzon ; l'abbé de Beaugency, prétendant exercer les mêmes droits, en référa au pape Innocent III, qui lui envoya une bulle datée du 9 des calendes de juin 1207, par laquelle on devait choisir des arbitres : en 1210, les moines de l'Aumône renoncèrent à leurs prétendus droits.
D. Verninac dit que l'on trouve encore des donations faites en 1222 sous l'abbé Hameric.Il est facile de voir que les biens du monastère prirent beaucoup d'accroissement à cette époque : mais Hameric ne se contentait pas d'augmenter le temporel de samaison. Il avait autant de soin du spirituel. En effet, Raginald, évêque de Chartres, affirme dans une charte de 1214 que le monastère de l'Aumône se maintenait en sa première ferveur et que les sollicitudes du siècle n'empêchaient pas les religieux de vivre sur la terre comme les anges du ciel. Hameric fut même choisi en 1210 pour trancher un différend existant entre l'abbesse de Saint-Avit et l'abbé de Saint-Laumer.
Nous ne savons à quelle époque mourut cet abbé de l'Aumône: sa pierre tombale se trouvait dans l'église conventuelle avec cette inscription : "Hic jacet Americus quartus abbas." On peut se demander comment Americ fut le quatrième abbé, puisque, dans notre catalogue, il est compté le neuvième. Une autre pierre tumulaire porte une inscription qui semble confirmer la précédente : "Hic jacent quinque abbates Urricus I, Sello II, Radulphus III, Hamericus IV, Ferrandus; desuper addendas Humbertus. Landericus".
Comment expliquer ce second texte ? Les auteurs du Gallia christiana disent que parmi les abbés qui ne sont point nommés aucun n'a gouverné l'abbaye jusqu'à sa mort, et que de la sorte, ils n'ont pu être enterrés dans l'église de l'Aumône.
- FERRAND XI HUMBERT XII LANDRY
Sans l'inscription qui vient d'être rapportée, nous ne saurions même pas les noms de ces abbés : d'ailleurs ils n'ont pas du gouverner longtemps l'abbaye, puisque, des l'année 1225, nous voyons un abbé dont on ne connaît du nom que la première lettre
- S ... 1225
Sous cet abbé, Marguerite, comtesse de Blois, donne cent livres de revenu pour augmenter le nombre de religieux jusqu'à celui de soixante-cinq.Cet acte montre l'importance qu'avait acquise l'Aumône et la ferveur dont étaient animés les moines. {/jkefel}{jkefel title=[M...1226 ]} Selon MM.de Sainte-Marthe, dit D. VERNINAC, M... était abbé à cette date; cependant on ne trouve aucune charte portant cette lettre initiale.
- GODEFROY 1227 1237
Godefroy était abbé dès le mois de septembre 1227. L'abbé Bordas fait une légère erreur en disant que Godefroy fut commis l'an 1227 pour corriger les abus qui s'étaient glissés dans l'abbaye de Tyron et ses dépendances ». En effet, ce fut en 1231 que le pape Grégoire IX chargea les abbés de l'Aumône, de Foucarmont Fulcardi Montis),de Rouen, de Chartres et du Mans, d'opérer cette réforme, suivant sa bulle ainsi datée :"Datum quarto nonas aprilis, nostri pontificatus anno quinto(Epist. 31){/jkefel}
- ROBERT 1242
Le nom de cet abbé se lit dès l'année 1242 dans le chartrier de Bourg-Moyen: par ses lettres des mois de janvier et de mars, die lunae pan post Talle arma, Robert nomme trois arbitres pour terminer le différend survenu entre lui et le couvent de Bourg- Moyen au sujet de certaines dîmes perçues par l'Aumône sur la paroisse de Mer.Cet abbé vivait encore en 1247, puisque cette année il promet obéissance à Mathieu, évêque de Chartres.
- DANIEL 1248
Le 25 janvier 1248, l'abbé Daniel publia un accommodement avec Foulques Bélon, qui prétendait exercer un droit de dîmes sur les vignes des religieux de Pontlevoy, situées à Glatignv.
Un mois après, la veille de saint Aubin, Jean de Bauvilliers, du consentement de ses frères Guillaume, Huet et Garnier, de ses sœurs dame Marie, veuve, et dame Ennor, épouse de Goslen, dit Boderan, écuyer, confirmait la donation faite par sa mère Aalés, dame de Cerneio, de tous ses prés dans la vallée de Baulle, à l'abbaye de l'Aumône, où elle a choisi sa sépulture L'année suivante, au mois de mars, Mathilde, comtesse de Chartres et dame d'Amboise, approuva la donation de dix livres qu'avait consentie sa mère Isabelle en 1235, au mois de mai en outre elle ratifia toutes les concessions des comtes et des comtesses de sa famille en faveur des moines de l'ordre de Cîteaux de l'Aumône. En avril et décembre de la même année, différentes donations de terres et de vignes étaient confirmées par Odon, doyen de Blois. Au mois de mars 1251, l'abbé Daniel fut choisi pour arbitre par l'abbé et les religieux de Barzelles, d'une part, et de l'autre par l'abbesse et les religieuses du Lieu-Notre-Dame, afin de terminer un différend survenu entre ces deux maisons.
- GUY 1255
Le premier acte qui nous fournit le nom de cet abbé est une bulle du pape Alexandre IV, (datum Laterani 2 kalendas februarii, pontificatus vero nostri anno secundo, c'est-à-dire en 1255).
Nous regrettons de n'avoir pu trouver ce document qui nous eût donné la nomenclature des possessions de l'Aumône : contentons- nous d'analyser les donations qui suivent. L'official de l'archidiaconé du Dunois publie une donation de Mathilde, comtesse de Chartres : cette dame concède à l'abbaye 60 sols de rente à prendre annuellement en la fête de saint Rémi sur son tonlieu de Chartres, pour son anniversaire et celui de son mari Richard V, comte de Beaumont. Au mois d'avril 1258, l'abbé de Pontlevoy confirme une vente faite à l'Aumône par le prieur de Saint-Déodat. Dans une charte donnée sous le scel de Renaut, chantre de Meung et vicaire général de l'évêque d'Orléans (juin 1259), nous voyons qu'Isabelle, veuve d'Aubert de Roncin, vend à l'abbaye tous ses droits sur une maison sise à Meung, près la Maison-Rouge, moyennant la somme de cent sols tournois une fois payés. La même année, le grand-vicaire de l'évêque d'Orléans, Renaut, chantre de Meung, publie un acte par lequel l'abbaye de l'Aumône cède à titre de bail à Odon Denis quelques vignes situées au terroir de Meung, moyennant quatre sols parisis. Au mois de juin 1260, les frères Hervé et Raginald, dits sine censu ,donnent, pour l'amour de Dieu et le salut de leurs âmes, du consentement de leur neveu Pierre et de sa femme Eremberge, tout leur cens de Charqui( Cerqueux) avec ses redevances, situé sur la paroisse de Jaone, consistant en quarante deniers parisis, trois pains, trois poules et six mines d'avoine de cens annuel, le tout garanti par Pierre. Cet acte est sous le sceau d'Hervé et sous celui de l'archiprêtre de Beaugency. En septembre de la même année, Geoffroy, abbé de Pontlevoy, et tout son couvent ratifientla vente que leur prieur de La Ferlé Villeneuil avait faite â l'Aumône d'une maison qu'ils avaient en cet endroit
- GODEFROY 1267
D.Verninac parle de cet abbé sous la date de 1267, au mois de décembre, sans autre indication.
- DANIEL 1270
Au mois de juin 1270, Huet de Voisins, écuyer, donne à Daniel et à ses moines une place, trois quartiers de vigne et la moitié d'un courtil, sous le sceau de James Megret, chapelain de Châteaudun. L'abbé de Saint-Laumer échange les dimes de Villevêque qui lui appartenaient à raison de son prieuré de Saint-Gilles-de-Celle à Châteaudun pour les dimes de Villampadis appartenant à l'Aumône. En novembre 1270, Daniel abandonne au comte Jean de Châtillon le droit de chasser les grosses bêtes dans les bois de son abbaye, et, au mois de janvier 1271, il concède à ce même comte un manoir sis à Saint-Laurent-des-Bois. En mars 1271, Raginald, abbé de Vendôme, reconnaît que Daniel et tout le couvent de l'Aumône lui ont permis de prendre des pierres dans leur carrière de la Chappe pour construire l'église de son monastère, mais que pour cela il ne prétend avoir aucun droit sur cette carrière et ne fera aucun dommage. En cette même année, Philippe Roupenon, seigneur des Boulayes, est inhumé dans l'église conventuelle en reconnaissance des donations faites par lui de son vivant.
- ARNAULD ou ERNAULD 1277
Arnauld donne en mars 1277 à Philippe de Saint-Martin "pro curialitate et servitio et antecessoribus suis et nobis et monasterio nostro irnpensis" une maison sise à Blois. Le lendemain de la fête de Saint-Jean-Baptiste l'an mil IIc soixante et dix oit », Pierre, comte d'Alençon et de Chartres, approuve une donation faite à l'Aumône par Geoffroy Pichard de 60 sols de rente par an « pour faire son anniversaire et luminaire de Jeanne sa femme après leur décès. L'abbé BORDAS (p. 189) dit que les abbés de la Madeleine de Châteaudun, du Petit-Cîteaux et de l'Étoile, firent les funérailles de l'épouse de Jean de Châtillon, morte à son retour de Terre-Sainte le 2 août 1288 et enterrée dans l'abbaye de la Guiche.BERNIER.
- ETIENNE 1313]
Cet abbé transige avec Gidoin d'Aime, chevalier, seigneur d'Avarey, au sujet d'une rente que l'abbé prétendait avoir sur les dimes de ce domaine : l'acte est du 8 avril 1313.
- MATHIEU (1334)
D. Verninac a trouvé le nom de cet abbé dans un acte daté du vendredi après les Cendres 1334.
- THOMAS (1357
Ce nom est inconnu de D. Verninac, du moins nous ne l'avons pas vu dans son manuscrit : cependant Thomas fut définiteur au chapitre général de l'ordre, tenu en 1357
- PIERRE 1365
Pierre était abbé dès l'année 1365, suivant MM. de Sainte-Marthe, mais nous ne savons d'après quels documents : il est certain, dit D. Verninac, qu'il exerçait cette fonction en 1376. Par un bail fait à Pierre Dreux le 4 août 1367, les religieux donnent à cultiver des terres situées à Favelles, en la paroisse d'Épieds.
- NICAISE - NICOLAS
L'abbé Bordas reconnait, pour successeur de Pierre, l'abbé Nicaise, qui lui-même aurait cédé ses fonctions à Nicolas : mais D. Verninac semble assez disposé à ne faire qu'un seul personnage de ces deux noms et dit : « Nicaise, en 1408, déclare que très illustre prince le comte de Blois et son conseil lui ont permis d'entrer en possession des héritages légués à son monastère par Jehanne, veuve de Jehan Ruffi, 17 juin 1381. L'épitaphe de Nicolas se trouvait dans le chapitre : Hic jacet Nicolaus quondam abbas de Parvo Cistercio. »Cette charte est aux Archives Nationales : il y a un fragment de sceau rond de quarante-sept millimètres, représentant la Vierge avec l'Enfant Jésus, assise dans un petit monument gothique avec les lettres suivantes : SIGILLUM CONVENTUS CISTERCIENSIS - Collection de Sceaux, par DOUET d'ARCQ, Paris, 1868, t.III, n° 8137
- MARTIN 1422
D. Verninac se contente de le nommer en 1422.
- JEAN 1438 1440
Le 20 août 1438, Guillemette, veuve de Jean de Billy (ou Bilh), donne tous ses biens à l'abbé Jean et à son monastère.
- GUY dit BIAU 1440 1464
Guy, bachelier en droit, siégeait dès le 8 juin 1440. En 1449, il donne à bail deux arpents de prés situés à la chaussée de Villecante, paroisse de Dry, deux autres arpents près Marend, et une maison rue de la Vieille-Meunerie, dans la censive du chapitre de Saint-Liphard de Meung. Le 6 août 1456, Guy reçut des privilèges importants. Alain, cardinal du titre de Sainte-Praxède, légat du pape Calixte III en France, et dans les pays voisins, concède à l'abbé de l'Aumône et à ses successeurs le droit de porter crosse, mitre, anneau et autres ornements pontificaux dans tous les endroits qui seront de son obédience et de sa juridiction. Nous voyons par cette bulle qu'il n'y avait à l'Aumône que douze moines.L'abbé Guy vivait encore le 12 avril 1463.
- ANTOINE LECOMTE 1464 1467
Cet abbé fut béni par l'évêque de Chartres, Miles d'Illiers, et gouverna le monastère de l'Aumône depuisle 31 octobre 1464 jusqu'au 19 décembre 1467, au moins d'après les baux que nous avons pu voir.
- JACQUES TAILLEFER 1468 1486
Il fut béni par le même évêque de Chartres, auquel il jura obéissance le 3 février 1468. L'année suivante, Jacques Taillefer assista à la bénédiction de l'abbé de Pontlevoy, François de Brilhac, qui était déjà prieur de Saint-Jean-en-Grève, à Blois, et qui devint évêque d'Orléans le 3 novembre 1473. Cet abbé de l'Aumône fit un grand nombre de baux.
- RENE LUCAS 1486 1493]
René Lucas était archidiacre de Sologne en l'église d'Orléans lorsqu'il reçut l'abbaye de l'Aumône en commende : aussi prend-il le titre d'abbé commendataire dans des baux allant du 30 novembre 1486 jusqu'au 12 janvier 1492, nouveau style 1493.
- GENTIEN GUIGNARD 1493 1526
Gentien était religieux profès de l'Aumône ; et ses frères, pour résister a la commende, l'élurent abbé d'un consentement unanime.
Des baux sont passés en son nom dès le 25 novembre 1493. Le 1er janvier 1509 il se rendit à l'abbaye de Voisins pour présider, comme vicaire-général de Jacques, abbé de Cîteaux, à l'élection d'une nouvelle supérieure de la communauté. Gentien abdiqua en 1524 ; mais il vivait encore le 21 mars 1530.Celui ou celle qui a fait les vœux par lesquels on s'engage dans un ordre religieux, après que le temps du "noviciat" est expiré. Le Régime de la commende désigne le principe qui instaura dans le royaume de France la nomination des abbés par le pouvoir royal contre l'ancienne pratique qui voyait leur élection par les autres moines. On parle alors d'abbés commendataires. Dans le régime de la commende, un abbé commendataire est un ecclésiastique, ou quelquefois un laïc, qui tient une abbaye in commendam, c'est-à-dire qui en perçoit les revenus et, s'il s'agit d'un ecclésiastique, peut aussi exercer une certaine juridiction, mais sans exercer la moindre autorité sur la discipline intérieure des moines. À l'origine seules les abbayes vacantes, comme celles qui se trouvaient provisoirement sans supérieur effectif, étaient données in commendam et, dans le dernier cas, seulement jusqu'à ce qu'un supérieur effectif eût été élu ou nommé. Une abbaye est tenue in commendam, c'est-à-dire à titre provisoire, ce qui la distingue de celles qui sont tenues in titulum, et qui sont des bénéfices permanents.
- JACQUES HALLUY ou HALLAY 1526 1530
Comme son prédécesseur fait encore un bail en l'année 1526, il est à croire que, malgré son abdication, Gentien était encore abbé commendataire et percevait les revenus de l'abbaye. Alors Jean lui avait probablement été donné comme coadjuteur, car ce dernier ne signe les baux, en qualité d'abbé, que le 21 octobre 1526, époque à laquelle Gentien n'est plus désigné comme tel. Jean fut élu par les moines de l'Aumône, qui cherchaient ainsi une fois encore à secouer le joug de la commende : il fut certainement abbé jusqu'au 30 octobre 1530, puisqu'a cette date il donne une terre à bail. L'abbé Bordas, au contraire, dit qu'il mourut en 1528, mais il est dans l'erreur, puisqu'en cette même année 1528, le 15 mai, Jean paya des profits à l'abbaye de Bourg-Moyen, ainsi que l'année suivante.
- JACQUES HAMELIN 1530 1536
Après la mort de Jean, les religieux se hâtèrent de nommer abbé un des leurs que recommandaient ses vertus, dans l'espoir, dit D.Verninac, que leur confrère étant élu, cette nomination régulière pourrait non seulement se défendre et se soutenir, mais encore détourner les yeux de la commende. Leur tactique réussit pendant quelques années, puisque, le 29 mai 1533, Jacques Hamelin fait un bail en qualité d'abbé de l'Aumône. Mais cette ruse ne dura pas longtemps : on leur imposa un abbé commendataire.
- JEAN DU BELLAY 1536 1540
Le cardinal Jean du Bellay, évêque de Paris, a fait plusieurs baux à dater du 2 juin 1536. Jacques Hamelin fut obligé de le reconnaître comme abbé, tout en restant au monastère pour le diriger : aussi son nom ne parait plus dans aucun document. Et même le cardinal Jean du Bellay céda son bénéfice à l'abbé suivant pour intimider les moines et montrer que leur résistance devenait désormais inutile
- Jean Juvenal des URSINS 1540
Dans un bail du 9 août 1540, Jean Juvénal, qui était doyen de la cathédrale de Paris, prend la qualité « d'abbé commendataire du Petit-Citeaux, de procureur et de vicaire général, tant au spirituel qu'au temporel, de ladite abbaye, de révérendissime cardinal du Bellay, naguère abbé dudit lieu ». Il y a bien de l'apparence, dit D.Verninac, que tous ces titres n'avaient qu'un but, celui de faire peur aux religieux qui auraient voulu peut-être soutenir l'élection canonique de l'abbé Hamelin, toujours vivant. Il y a des baux faits au nom de l'abbé Jean Juvénal des Ursins, du 20 octobre 1542, du 11 juillet 1544 et du 5 juin 1546.
- HIPPOLYTE D'EST, Cardinal de Ferrare
Ce prélat, successivement archevêque de Milan, d'Auch, d'Arles et de Lyon, donna, en qualité d'abbé commendataire, plusieurs baux depuis le 3 août 1551 jusqu'au 3 janvier 1558. {/jkefel}{jkefel title=[ALOISUS PISANI 1563]} Aloisius, clerc de la chambre apostolique, élu évêque de Padoue, par un acte du 18 juin 1563, donne pouvoir à frère Antoine Reynier, religieux du Petit- Citeaux, de cultiver et de faire valoir des terres à Villeray. D'autres procureurs, nommés par lui, passent un bail le 28 novembre 1563.C'est sous cet abbé que l'Aumône fut pillée et saccagée par les huguenots. >Extraits de l'inventaire, etc., p.166.
- EUSTACHE DU BELLAY 1564 1567
Évêque du Mans, puis de Paris, Du Bellay obtint l'abbaye du Petit-Cîteaux en 1564. Comme son prédécesseur, il fit plusieurs actes en faveur de ses religieux. Il concéda à frères Gilles Rousseau et Jean Le Vasseur une vigne au terroir de Villeray, paroisse de La Colombe, à la seule charge de la bien cultiver. Cet acte est du 27 août 1567. Extraits de l'Inventaire des titres et papiers de l'Aumône, p. 166
- BERNARDIN BOCHETEL 1568 1569
Ce prélat passa plusieurs baux, du 2 janvier 1568 au 7 novembre 1569 : il eut pour successeur son neveu.
- ANTOINE BOCHETEL 1569
Chanoine de l'église de Bourges, Antoine obtint l'abbaye de l'Aumône par bulle du pape Pie V, en date du 3 des ides de février 1569 ; il en prit possession le 28 juin 1570. Le 19 juin 1571, par un acte passé devant Blanchard, notaire à Orléans,
Antoine et ses religieux cédèrent la métairie d'Arembert, à titre de bail, pour quatre-vingt-dix-neuf ans, à Jacques de Varennes, seigneur de Chevrigny, en raison des services rendus par lui au moment des guerres civiles pendant lesquelles ledit seigneur avait reçu et conservé les titres de l'abbaye occupée par les soldats. Le bail était conclu moyennant une somme. d'argent payable à la Toussaint, une demi-douzaine de lapereaux bons et recevables, et deux chapons.
Le 5 décembre 1579, cet abbé afferme les terres de Saint- Calais.
Nous avons rapporté ces deux actes parce qu'ils nous ont semblé offrir deux dates importantes pour trancher une difficulté. Dans la notice consacrée par Le Laboureur à la famille de Castelnau, il est parlé d'un abbé du Petit-Cîteaux en ces termes :
Edouard-Robert de Castelnau, baron de Joville, seigneur de Sainte-Lizaine et de Lande, possédait l'abbaye du Petit-Cîteaux à lui donnée par le roi Henri III. Les revenus de ce Castelnau ayant été saisis, Henri IV ordonna, par une lettre expédiée du camp de Bray-sur-Seine, en date du 25 avril 1590, de lui accorder mainlevée : "Et ce eu égard au service (ce sont les propres termes) que nous fait ordinairement le sieur de La Mauvissière au péril de sa vie et avec grandes dépenses, attendu que nous luy sommes redevables de grandes sommes de deniers sans aucun moyen de le pouvoir à présent satisfaireé.
Ce prince, par les mêmes lettres, lui confirme de nouveau, en tant que besoin serait, ladite abbaye.
Ce document, inconnu de D. Verninac et de l'abbé Bordas, ne concerne pas l'abbaye de l'Aumône. En effet, d'après les actes rapportés plus haut, Antoine Bochetel était abbé en 1579, et, le 18 janvier 1580, nous voyons ce même personnage présenter comme vicaire, pour les terres de Villeneuve, le frère Noêl Bizault, religieux profès de ladite abbaye. Deux ans après, le 25 janvier 1582, Bochetel afferme la métairie de Teillet. Enfin, par acte devant Beaugendre, notaire à Autainville, le 29 juillet 1595, M. l'abbé Antoine fit offre de foi et hommage envers le seigneur de Villeneuve. Toutes ces pièces renversent l'affirmation de l'auteur que nous venons de citer, du moins pour les dates précitées. Bochetel mourut le 31 décembre 1596, "pridie kalendas januarias"et non pas le 31 novembre, suivant l'abbé Bordas.A sa mort, l'abbaye fut mise en économat pendant treize mois, jusqu'à la nomination du titulaire suivant.C'est dans cet intervalle que Castelnau aurait pu recevoir l'abbaye de la générosité royale. L'économe du Petit-Cîteaux fait acte de foi et hommage le 24 mars 1598 pour la seigneurie de Villeneuve, dont le vicaire, nommé le 26 octobre de la même année, était Jean Evret, religieux de l'Aumône, âgé de vingt-deux ans. Les autres vicaires furent : en 1618, Guill Dupont, et, en 1638, dom René Morvilliers "Mémoires de Michel de Castelnau",publiés par LE LABOUREUR, t. III, p. 109. Je me fais un devoir et un plaisir de reconnaître que cette pièce m'a été communiquée par notre très honorable président M. Brossier-Géray, qui connaît si bien tous les documents concernant le Dunois. Extraits de l'Inventaire des titres et papiers de l'Aumône,Id., p.147 Id., p.164
- JEAN DE VULCOB, ou VALCOQ, ou VALCOB 1599 1612
Jean, conseiller du roi en son conseil et abbé commendataire de Baupré, obtint l'abbaye du Petit-Cîteaux grâce à la faveur royale. Son premier acte est du 14 juillet 1599 : on a des baux faits en son nom jusqu'à l'année 1612, date de sa mort.
- NICOLAS DE NEUFVILLE 1612 1613
Nicolas, fils naturel de Nicolas de Neufville-Villeroy, ministre d'État, avait déjà la riche abbaye de Saint-Vandrille, lorsqu'il reçut encore celle de l'Aumône. Dans un bail du 12 juillet 1612, il est dit nommé par Sa Majesté pour être pourvu de l'abbaye du Petit-Cîteaux, mais il n'en jouit pas longtemps.
- MARTIN DE RACINE 1613 1628
Chanoine de Paris, trésorier de la Sainte-Chapelle de Bourges, pourvu de plusieurs bénéfices, Martin obtint de Paul V l'abbaye de l'Aumône, par une bulle datée du 8 des ides d'août 1613. Il y a beaucoup de baux faits par lui jusqu'au 9 mars 1627.
- CHARLES DE ROCHECHOUART 1628 1638
Il eut l'abbaye dès le 1er novembre 1628, où nous trouvons son premier acte. Selon la généalogie des Rochechouart, Charles se démit de ses fonctions, quitta l'habit ecclésiastique, prit les armes et mourut en 1653 à Clermont en Auvergne.{/jkefel}
- LOUIS DE ROCHECHOUART
Louis succéda à son frère dans les fonctions d'abbé, mais il se démit bientôt de cette charge pour se consacrer aux missions. Sa mort eut lieu en 1660.
- CLAUDE CHARLES DE ROCHECHOUART 1655
Frère des abbés précédents, Claude de Rochechouart renonça bientôt à l'abbaye en faveur de Claude de Blampignon.
D.VERNINAC dit que la multitude des actes passés sous les noms des Rochechouart, depuis 1628 jusqu'à 1655, cause une confusion difficile à démêler, d'autant plus que deux d'entre eux portèrent le prénom de Charles. Il y a cependant un acte important qui ne peut avoir eu lieu que sous Claude Cet abbé, après avoir donné sa démission, continuait à garder la métairie de La Guignardière, dont les revenus étaient considérables. Son successeur, homme avide d'argent, dit D. Verninac, ne voulut point être privé de ce domaine, qui constituait une partie de sa mense et mit tout en œuvre pour en déposséder Claude de Rochechouart.
Ses efforts amenèrent un arrêt du Grand-Conseil du 2 juillet 1658, qui condamna Claude à faire remise à l'abbaye de la terre en question.
Le 29 octobre de la même année eut lieu l'exécution de cet arrêt, et l'abbé de Blampignon laissa au seigneur de Rochechouart la métairie de La Guignardière à titre de bail, moyennant 450 livres tournois - Extraits de l'Inventaire, p. 88.
- CLAUDE DE BLAMPIGNON 1655 1668
Claude de Rochechouart, qui mourut le 18 mai 1710, ayant donné sa démission, de Blampignon, curé de Saint-Merry de Paris, fut nommé abbé de l'Aumône et en prit possession le 30 janvier 1656.
Son administration fut loin d'être avantageuse au couvent. En effet, le Petit-Cîteaux avait prospéré, tant au point de vue spirituel qu'au point de vue temporel jusqu'à la fin du XVe siècle ; mais, à partir de cette époque, les abbés commendataires s'emparèrent de tous les revenus sans se préoccuper du gouvernement de la maison, payant plus ou moins régulièrement de modiques pensions aux religieux. Quant aux bâtiments du monastère, et à ceux des fermes et des métairies, ils les négligeaient complètement, et se bornaient à faire à l'église les réparations les plus urgentes.
Cet état de choses ne pouvait durer et Claude de Blampignon obtint du Grand-Conseil un arrêt, en date du 13 septembre 1666, qui ordonnait de partager en trois lots la totalité des revenus de l'abbaye.
C'est ce qui eut lieu : le premier lot devait être adjugé à la communauté, le second à l'abbé commendataire et le troisième enfin demeurait pour les charges ordinaires qui furent réglées d'un commun accord. Les conditions furent acceptées de part et d'autre, et les religieux demandèrent à l'abbé de contribuer aux réparations de l'église à demi ruinée par les protestants. Déjà, sous Claude de Rochechouart, il avaitCʴé question de prendre le réfectoire pour faire une église, mais sa démission avait interrompu les pourparlers,
Les moines sollicitèrent du nouvel abbé des secours qui les missent en état d'exécuter leur projet, et même ils permirent à de Blampignon d'abattre une coupe de bois de haute futaie leur appartenant, afin de commencer aussitôt les travaux. Mais l'abbé garda pour lui tout l'argent de la vente, malgré les plaintes des religieux qui le poursuivirent en restitution de cette somme. Claude non- seulement ne voulut rien entendre, mais encore il fit incarcérer à Beaugency le prieur et le sous-prieur de son monastère. Cette odieuse conduite souleva l'indignation générale, et l'abbé fut obligé de faire les travaux sollicités par les religieux.
Le grand réfectoire devint une église dont la bénédiction fut faite le 17 octobre 1664. Blampignon, froissé dans son orgueil et lésé dans ses intérêts, résolut de demander la séparation des biens dont nous avons parlé, et, comme il ne cessait de tourmenter les religieux, le roi le força de se démettre de son abbaye, ce qui eut lieu en 1668.
Dans l'Histoire de l'Abbaye de Notre-Dante de Beaugency, cet abbé est nommé M. de Beautlingon », il donna 200 livres pour l'aumône générale faite en 1662 - " Histoire de l'Abbaye, p.478, dans le Cartulaire de Beaugency, par M.VIGNAT
- JACQUES POTIER DE NOVION 1668 1709]}
Ce prélat fit plusieurs baux et mourut évêque d'Évreux le 14 octobre 1709, à l'âge de soixante-deux ans.
- LOUIS DU PRE 1709 1711
Louis fut fait abbé de l'Aumône le 31 octobre 1709, bien qu'il n'eût que quatorze ans. Il mourut deux ans après, dit l'abbé Bordas, probablement trop tôt pour l'abbaye, à laquelle il donnait des marques d'attachement et pour laquelle il faisait des projets avantageux à son parfait rétablissement.Son cœur fut déposé dans l'église conventuelle, suivant ses dernières volontés.
- NICOLAS MARTINEAU DE PRINCE 1711 1719]
Il fut pourvu de l'abbaye le 18 août 1711 et mourut huit ans après.
- GILLES BERNARD PAGUET 1719
Sous son gouvernement, les religieux vendirent une coupe extraordinaire de bois, dont le prix s'éleva à la somme de 35.100 fr. et fut donné à la ville de Châteaudun, incendiée en 1723.{/jkefel}
- PIERRE JOSEPH DE CREMEAUX D'ENTRAGUES
Cet abbé, qui était vicaire-général de Bordeaux, fit sa résidence ordinaire dans sa maison du Petit-Cîteaux avec une partie de sa famille.
Le premier acte de lui est de 1758. Pour satisfaire à l'arrêt du 15 mai 1764, qui prescrivait le dénombrement de tous les biens appartenant aux monastères, on dressa en 1772 un inventaire des titres et papiers de l'abbaye de Notre-Dame de l'Aumône, puis le procureur de Pierre d'Entragues se rendit à Moisy et apporta tout ce qui restait de chartes et de pièces. Un acte en fut dressé le 16 mars 1776 ; il est conservé aux Archives du Loiret.
Nous y avons trouvé les noms suivants, qui furent probablement ceux des derniers moines : Après l'abbé Pierre, venaient le prieur Leclerc de Buffon, et les frères Maublanc, Mesgnien, Thoreau, Vorvelle, Ligere, Humblot, de Bodin de Vaux et Riffault. Les biens consistaient en rentes dont nous n'avons pu fixer le montant. L'abbaye possédait quatre arpents de pré, 180 mines 70 setiers 2 boisseaux de terres labourables, deux moulins, sept étangs, vingt-huit métairies et environ 1170 arpents de bois.
CONCLUSION
Tels sont les renseignements que nous a fournis en grande partie Dom Verninac sur cette abbaye de l'Aumône, dont le souvenir ne doit pas se perdre.
Puissent ces quelques lignes la sauver de l'oubli !
« Extincta revivisco » (devise ancienne de Chateaudun : « éteinte, elle renaît »).
CH. CUISSARD