Incontestablement, Georges DUBY est le grand historien du XXeme siècle qui a consacré son oeuvre à l'étude de cette période majeure de notre histoire, notamment à Saint Bernard et à l'art cistercien. Le témoignage qu'il a su apporter au-travers des émissions télévisées ont marqué les gens de notre génération tant ses explications sont lumineuses et profondes pour comprendre ce lointain passé.
Aucun domaine de l'acitvité humaine n'échappa à leur esprit d'entreprise et de progrès. Ils furent des actueurs incontournables dans le domaine agricole et économique, mais également en Occitanie dans le domaine de l'aménagement urbain. Alors que le centre et le nord de la France construisaient de magnifiques cathédrales, les cisterciens furent souvent à l'origine par leur esprit d'entreprise de villes nouvelles, ces centaines de "bastides" qui constituent aujourd'hui la plupart des agglomérations ; ils fournirent en général les terres où pouvaient s'établir ces pionniers auquel le seigneur local octroyait la liberté de s'administrer au-travers un conseil élu et une dispense de charges seigneuriales.
<p>L'apport technologique novateur, voire révolutionnaire, apporté par les cisterciencs dans tous les domaines économiques, tant agricoles qu'industriel, est une des données déterminante dans le legs cistercien à notre civilisation. Car révolutionnaires dans le fait que les moines devaient travailler de leurs mains, conformément à la règle bénédictine, ils le firent de manière très méthodique et novatrice, au point de révolutionner les techniques de l'époque. Beaucoup de nos paysages sont le résultat de leur action, notamment par la maîtrise et l'usage de l'eau qu'ils apportèrent à la civilisation par l'assèchement des marais, l'irrigation des terres infertiles, la pisciculture et même source d'énergie avec le vent pour la première industrielle dont ils furent les promoteurs.</p>
L'expansion cistercienne sur l'Europe fut inconcevable ; tous les pays de l'actuelle Union Européenne gardent trace des ces abbayes construites au plus profond de leur solitude, dans un style extrêmement dépouillé et pur, dont Saint Bernard fut le grand ordonnateur. Toutes nos régions gardent témoignage de ces abbayes, désormais détenues par des collectivités territoriales, dont elles constituent des trésors visités par une foule de touristes en quête de leurs racines et de leur histoire.
La civilisation est redevable aux moines dominicains de la conservation et de la transmission des oeuvres grecques et latines qu'ils dupliquèrent, comme les ouvrages religieux, dans leurs scriptoriums et constituent aujourd'hui l'un des trésors de l'humanité ; aux siècles sombres qui succédèrent à l'effondrement de l'empire romain, aux grandes invasions qui se succédaient et pillaient sans trêve le peu de biens produits, l'apport des moines dans leurs monastères fut essentiel. S'ils naquirent au sortir de ces siècles sombres, à l'occasion d'une période bien plus prospère, les cisterciens poursuivirent évidemment l'oeuvre monastique traditionnelle, mais surent accompagner les grands mouvements intellectuels et artistiques qui marquèrent l'époque, notamment leur participation aux oeuvres universitaires nées dans les grandes villes du pays.